On veut le (la) connaître plus intimement. Mais à chaque fois que l'on se retrouve face à face, on parle des derniers achats à Carrefour et des pourquoi du comment de la relation entre Nicky et Victor dans les feux de l'amour. "Je veux devenir plus proche !" et pourtant on ne sait pas comment s'y prendre. On se creuse la tête pour trouver un bon sujet de conversation mais en vain...
On veut rien savoir sur lui (elle) et pourtant, à chaque soirée, on reste coincé à écouter ses dernières épisodes toutes fraîches de son parfaite idylle... "Je veux me débarrasser de ce pot de colle !" et pourtant on a beau à se montrer froid à son égard, on retombe dans le même piège.
Mais "On ne peut ne pas communiquer" n'avait-il pas dit Paul Watzlawick, une des grandes figure de l'École de Palo-Alto, un courant de pensée en psychosociologie ? Parfois, il ne suffit pas de communiquer verbalement. Même en restant dans le silence le plus muet, l'homme continuera toujours et toujours de communiquer d'une façon ou d'une autre. C'est ce qu'on appelle couramment "la communication non-verbale" ou encore "para-verbale". Le premier type de communication se manifeste principalement des aspects physiques de la personne communicante : le regard, l'attitude générale, les postures et gestuels... Le second est surtout lié à l'élocution, c'est-à-dire la force de la voix, l'intonation, la vitesse, le rythme. On peut donc montrer son intérêt envers une personne juste par un geste, un simple regard, ou dans sa manière de parler... Mais un autre paramètre majeur entre en compte : la distance entre les individus.
Et c'est sur ces aspects les plus invisibles de la communication que Edward T. Hall, un anthropologue culturel, s'est intéressé dans "La Dimension Cachée". Selon lui, l'être humain, comme les animaux, garde une certaine distance uniforme, à quelques exceptions près, avec ses semblables. Et celles-ci sont divisées en 4 grandes parties. En jouant avec ces différentes types de distance, on peut déjà communiquer beaucoup de choses, voire même faire changer les relations. Mais avant tout, définissons d'abord ces quatre distances.
***1. La distance intime (0 à 0,45m)
La distance la plus courte, où la présence de l'autre individu peut devenir imposante et même envahissante sur le système perceptif. On peut sentir la proximité grâce à l'odeur de l'autre, la chaleur de son corps, sa respiration, le contact est de peau à peau... Il suffit même de chuchoter pour parler à l'autre. Cette distance est souvent celle de l'acte sexuel ou de la lutte. Lorsqu'un étranger entre dans cette intimité par exemple dans un métro à l'heure de pointe, on fait tout pour échapper. On détourne le regard, on maintient une expression la plus neutre possible, aucune communication verbale...
***2. La distance personnelle (0,45 à 1,20m)
C'est la distance minimale que chaque individu parvient à accepter. Ici la vue de l'autre n'est pas déformée mais nette, l'odeur ou la température corporelle ne se font pas sentir puisque le contact de la peau est faible. Pour mieux comprendre cette distance, on peut imaginer une sorte de bulle que chaque individu possède au delà de son volume physique et qu'il ne faut pas atteindre. Lorsqu'une personne étrangère nous heurte dans la rue par exemple, on se sent "agressé", justement parce que notre sphère personnelle est violée... C'est à cette distance que la plupart des conversations se déroulent.
***3. La distance sociale (1,20m à 3,60m)
Cette distance est déterminée par la limite du pouvoir sur autrui. Ici, plus aucun détail personnel est perceptible, et les contacts physiques sont impossibles. Les sujets abordés à cette distance sont impersonnels. C'est par exemple la distance qu'on entretient avec autrui lors d'une soirée, fête, dîner ou réunion. C'est également à cette distance que l'on perçoit des personnalités importantes.
***4. Distance publique (3,60m à 7,50m ou plus)
A partir de cette distance, l'individu ne se sent pas directement concerné, puisqu'il peut fuir à tout moment son interlocuteur. C'est pour cette raison que l'on retrouve souvent les personnalités officielles (les hommes politiques par exemple) à cette distance, d'autant plus que la distance publique permet de s'adresser à un nombre plus grand d'individus. La distance publique est entretenue dans les lieux publics, où on a une attitude neutre et réservée.
Mais comment changer une relation grâce à ces définitions ? Ne les subit-on pas simplement par les concours de circonstance me direz-vous. Mais n'avez-vous pas déjà eu l'impression de vous être rapprochés subitement d'une personne par un simple changement de place, ou rapprochement physique ? Ou le cas contraire ? À l'école par exemple, on devient très vite proches avec son voisin de classe. En dîner, souvent de façon naturelle vous parlez plus avec vos voisins que ceux qui sont de l'autre bout de la table.
Une fois que l'on connaît les conséquences et les effets des différentes distances qui existent dans la relation humaine, on peut de façon consciente jouer avec. N'essayez pas de trouver un sujet de conversation qui pourrait vous rapprocher de façon plus intime avec la personne convoitée. Approchez-vous, réduisez la distance sans pour autant l'agresser et vous verrez que le courant de la conversation changera naturellement (évidemment si la personne vous déteste dès le départ, cela n'aurait pas d'effets souhaités) Si une personne vous agace, éloignez-vous simplement d'elle, mettez-vous à une distance suffisamment impersonnelle qui interdirait tout contact physique. L'expression "Loin des yeux, loin du cœur" n'est peut-être pas finalement pour les relations à longue distance comme on peut le croire de nos jours, mais simplement un indice pour ceux qui ne savent pas comment s'y prendre dans les relations interpersonnelles.
Approchez-vous...
Et vous gardez vous vos distances? Que pensez vous du contact rapproché?