Ouin Stoncold, tu n’y vas pas à la petite cuillère pour un premier ‘’débat’’. Pas moins de trois sujets différents et forts complexes :
· L’union civile (ou mariage) pour conjoints de même sexe
· L’union religieuse (ou mariage) pour conjoints de même sexe
· Ordination d’homosexuels
Le sujet portant sur l’ordination d’homosexuels s’adresse à ceux et celles qui croient à l’Église traditionnelle. Il convient que je m’abstienne d’y répondre. Mais allons-y pour les deux premiers et voyons les liens qui les unissent.
Je ne suis ni sociologue ni anthropologue ni historien, mais il me semble que pour répondre à la question de Stonocold, il faut d’abord situer ce qu’est le mariage. Voici donc ‘’ma’’ compréhension de la petite histoire de l’humanité au regard du mariage dans un contexte civil ou religieux.
Depuis des milliers d’années, des personnes de sexe opposé ont établit un symbole d’union, pour se signifier l’un envers l’autre la réciprocité du sentiment amoureux, pour se promettre fidélité et assistance dans le cours de leur vie. Est-il nécessaire de rappeler que les conditions de vie n’ont pas toujours été ce qu’elles sont aujourd’hui et qu’à une certaine époque, hommes et femmes devaient lutter sans compromis pour assurer au quotidien leur subsistance ainsi qu’une santé relative.
S’il n’est pas toujours doté d’une intelligence certaine, l’homme est quand même certainement intelligent. Au cours de son évolution, il a senti le besoin de ‘’gérer’’ l’anarchie qui s’installait au cœur de ce qui allait devenir, des générations plus tard, des modèles de sociétés. Le symbole de l’engagement personnel entre deux personnes devenait ainsi un acte partagé publiquement, lequel allait forger la moralité sociale, définir et baliser la société civile, y compris le contexte entourant la reproduction humaine.
Mais les avocats et les prêtres s’en sont mêlés et là, le bordel a pogné !
Je ne sais pas si l’homme a inventé la religion ou si c’est Dieu, qui s’est fait homme par la chair de son fils Jésus-Mahomet-Boudha-you-name-it, venu sur terre propager la bonne nouvelle, mais toujours est-il que durant deux mille ans, la société civile a évolué avec et/ou en même temps que les religions de monde. La moralité a pris une nouvelle dimension, dominé par l’Église, dirigeant le monde de la science et de la connaissance, dictant sans entrave les lois humaines et mondiales. Pendant des siècles, on a cultivé le monde de l’interdit, de la peur et de l’ignorance, sous la gouverne de groupes restreints d’intellectuels religieux. Nos prédécesseurs, à vous et à moi, pour la plupart des brebis égarées, ont sagement obéit, apeurés qu’ils furent.
Mais une médaille n’est jamais assez mince pour qu’on puisse y voir des deux côtés à la fois. Il fallut donc que quelques irréductibles intellectuels délestent leur groupement religieux et fondent la société de droit. Depuis quelques centaines d’années seulement, de religieux, ils devinrent Avocats. Le prêtre devient le maître et la bible fait place au code civil ! S’agit-il d’une simple coïncidence ? Les brebis égarés ignorantes ont un peu plus chaque jour la connaissance jusqu’alors inaccessible, développé jugement, capacité d’analyser et de décider pour eux même ce qui est bon, malgré la peur et la culpabilité. Les concepts moraux ont été revisités, certains dogmes n’ont pu résister au test de temps et plusieurs autres sont toujours en attente d’une nouvelle reconnaissance ou dans certain cas d’une reconnaissance véritable.
Parce que nos religieux devenus avocats peuvent le reconnaître notre droit à l’union de même sexe, motivés par les écus qu’ils perçoivent. On peut chanter alléluia tant qu’on veut, mais il n’en reste pas moins que notre société certaines de ses composantes sont encore trop souvent appauvries injustement et laissées a elles-mêmes, affamées et mourantes. Elle sont parfois victimes d’un nouvel ordre d’anarchie dit de la pseudo-mondialisation où même des enfants donnent leur vie un sac d’explosif attaché autour de la taille, sans vraiment savoir ou comprendre. Ce sont parfois nos frères, sœurs, parents ou voisins, jeunes et moins jeunes, qui vivent des abus qu’on ne voit pas, trop occupés que nous sommes non sans raison parfois, mais aussi par futilité. L’importance est oh combien relative !
Par rapport à l’amour et l’homosexualité, la peur et la culpabilité existent toujours en 2006, bien qu’elles tendent à laisser place à des sentiments plus nobles de justice et de tolérance. Paradoxalement, une nouvelle peur et culpabilité prend graduellement place au sein de nouveaux modèles définissant l’amour hétérosexuel. On dit qu’un éléphant se mange une bouchée à la fois, aussi vaut-il mieux ne pas tenter de tout régler à la fois.
Mais toutes choses étant égales, vous remarquerez qu’on donne aujourd’hui aux avocats et à l’autorité civile ce que l’on donnait voilà des années à l’autorité religieuse. Avouons que si c’est généralement mieux ainsi d’un point de vu social et de moralité dite évoluée, c’est aussi pathétique en certaines occasions. La vérité est rarement absolue.
Pour moi, l’amour et la religion sont deux choses bien distinctes. L’amour et l’encadrement civile sont également distincts l’un de l’autre. Si aujourd’hui on se préoccupe moins , chez-nous au Québec, de pouvoir manger tous les jours, de maintenir une santé physique relative tout en vivant longtemps, le monde qui nous entoure, bien qu’il soit généralement beau, demeure parfois cruellement difficile et la maladie nouvelle est faite de subtilité et de complexité inégalés.
J’ai toujours espoir de croiser sur ma route l’amour, le véritable, celui qui contribuera à me donner l’humble force de contribuer, modestement bien sûr, à améliorer le monde pour les gens qui m’entourent. Et lorsque je jour se présentera, j’imagine probable que je souhaiterai, d’une manière appropriée à la circonstance, au contexte et aux personnes impliquées , marquer d’un symbole, quel qu’il soit, cet amour et cette union pas comme les autres. Le geste sera personnel, il marquera cette différence marquante de ma vie, ma vérité, notre vérité.
Je vous le souhaite aussi.
Todd23